September 11, 2025

00:13:03

En Suisse, il y a 7 ministres pour 9 millions d’habitants

En Suisse, il y a 7 ministres pour 9 millions d’habitants
Couture dans le mid
En Suisse, il y a 7 ministres pour 9 millions d’habitants

Sep 11 2025 | 00:13:03

/

Show Notes

Entrevue avec Frédéric Rondeau: Suisse: LA DÉMOCRATIE DIRECTE EXPLIQUÉE PAR UN QUÉBÉCOIS EXPATRIÉ
View Full Transcript

Episode Transcript

[00:00:00] Speaker A: Bon, mon invité, il est là. Là, on change complètement de régis. Là, on s'en va en Suisse. On va là en Jordan avec Frédéric Rondeau, qui est un Québécois qui travaille en Suisse. Frédéric, comment vas-tu? [00:00:10] Speaker B: Ça va très bien, vous? [00:00:11] Speaker A: Oui, ça va bien. Frédéric, tu habites en Suisse et tu voulais nous parler parce qu'on s'est dit, comment ça fonctionne là-bas, la Suisse? On peut voter, on a un système électoral, notamment, où on peut voter directement. Parle-nous un peu de ça, puis après ça, on parlera un peu de ton expérience en Suisse. [00:00:28] Speaker B: – Oui, oui, je crois un petit peu quand la Suisse, voilà, tout le monde connaît la Suisse, elle est connue souvent par son chocolat, ses banques, ses fromages, sa neutralité, mais peut-être pour contextualiser un petit peu le pays, parce qu'on ne le connaît peut-être pas sur ses autres angles, donc c'est un pays qui est à peu près à la grandeur du Québec, 9 millions en population, donc des tout petits pays, la moitié du Saguenay-Lac-Saint-Jean d'où je suis originaire, donc très dense, c'est un pays qui, il faut dire, aucune ressource naturelle, aucun vraiment port d'importance, Et pourtant, c'est un pays qui marche super bien. J'ai sorti des statistiques, je sais que Pierre s'aime bien les chiffres. On parle de 90 000 US de PIB par habitant. Par rapport au Canada, j'ai pu lire, c'est avec 60 000, donc on a une économie qui est drôlement plus productive. La Suisse est souvent classée première en innovation, première en compétitivité, donc stabilité politique, environnement, prospère des affaires, accessibilité à triomphe, faible bureaucratie. Après ça, voilà, on connaît la qualité de vie, aussi le pouvoir d'achat qui est énorme, on a des très bons salaires. Donc la Suisse, ça fonctionne. Et puis je trouvais ça intéressant, parce qu'en plus vous êtes dans les débats ministériels, vous vous mettez souvent en question un peu la manière de faire, la manière que ça vote les systèmes politiques. Et je trouve que la Suisse a un système politique qui est unique au monde. Et je trouvais ça hyper intéressant de vous l'expliquer en quelques lignes. pour voir un peu, comprendre comment ça fonctionne, parce que je pense, et on se compare souvent à la France, les pays norvégiens, ce genre de choses, mais je trouve que la Suisse, elle est tout petite, mais je trouve que son système politique est juste extraordinaire. Moi, ça fait 14 ans que je vis en Suisse, maintenant j'ai le passeport à la Croix-Blanche, donc je peux participer à la vie politique depuis quelques années. Là, je m'intéresse depuis déjà longtemps, même si ce n'est pas mon domaine de travail. et puis je voulais un petit peu vous faire un petit peu peut-être une explication de comment ça fonctionne et puis après voilà si il y a des questions vous les posez bien sûr. [00:02:22] Speaker A: Oui mais parle-moi un peu du système parce que là tu me dis il y a 7 ministres pour 9 millions d'habitants. [00:02:30] Speaker B: Voilà, donc ce qu'il faut comprendre, c'est que c'est un pays qui fonctionne à peu près comme les États-Unis. Donc une confédération avec des États, c'est comme un peu les États-Unis. Énormément de pouvoirs donnés aux États et aux villes, donc très peu de pouvoirs au niveau supérieur. Voilà exactement ce qu'on appelle les cantons et les communes pour les villes. c'est le fonctionnement, exactement comme les États-Unis, où les États-Unis ont un Sénat, une Chambre des représentants, nous on a un Conseil national, un Conseil des États, donc ça c'est le même fonctionnement. Maintenant ce qui change, c'est la méthode, je dirais, déjà d'élire les parlements, d'élire, je dirais, les ministres, comme on l'a dit, et puis après de comment la population participe dans ce système politique-là, parce que là aussi c'est unique, et si on commence par la base, c'est comment qu'on élit en fait les... Les parlementaires, en fait, c'est tout simple, c'est un système qui est en fait, qui est proportionnel. Comme certains le soient au Québec, c'est-à-dire que... [00:03:23] Speaker A: On aurait dû l'avoir. On aurait dû avoir ça, nous, au Québec, là, proportionnel. Ça avait été promis par François Legault et finalement, on a abandonné l'idée. On a abandonné l'idée parce que ça favorisait les partis, là, le duo, le duopartiste, là. Donc, on aurait dû aller là, mais on n'est pas là. [00:03:42] Speaker B: Exactement, donc nous en Suisse on a ça depuis des années, donc ça veut dire qu'on a 7 parties politiques principales, donc plein de petits, presque chacun d'entre eux ont au minimum un siège, donc on voit très bien cette proportionnité qui fonctionne. On est toujours dans un système minoritaire à quelque part, donc on est toujours dans un gouvernement compromis. Et ça c'est important, ça fait partie un peu de la culture de la Suisse. Et une fois qu'on a lu ces gens, on doit élire les ministres. Donc en Suisse, on a très peu de ministres, tu l'as dit tout à l'heure. On n'a que 7 ministres et c'est historique, c'est ça depuis 125 ans. On a toujours gardé un ministre minimal parce qu'on prend des meilleures décisions à un plus petit nombre qu'à un plus grand nombre. Donc on est toujours resté 7. Et ces gens-là, ils sont élus. Ce qui est particulier, en fait, c'est que ce ne sont pas des gens qui sont élus par le peuple, c'est les chambres qui élisent les ministres. Et en fait, le conseil de ministre composé de 7 personnes doit être représenté en fonction de ce qu'on a dans la chambre, c'est-à-dire Si on a une chambre qui est à 30% de droite, on doit avoir 7 ministres qui sont plutôt élus de droite. [00:04:42] Speaker A: On respecte les allégeances. [00:04:44] Speaker B: Donc on essaye que la partie ministérielle soit la copie collée en proportionnalité du Parlement. Et ensuite, ces minus-là, en fait, ils sont proposés par les partis politiques, éventuellement, qui proposent des candidats, et ces candidats-là peuvent venir de tous les horizons. Donc t'es même pas obligé d'être élu pour être candidat. Donc ça peut être un privé, ça peut être quelqu'un qui vient d'une politique municipale, ça peut être aussi un parlementaire élu, et c'est souvent le cas, mais c'est vraiment, en fait, tous les horizons, et puis tous les partis politiques votent pour cette personne-là. Il y a plusieurs candidats qui sont présentés et puis après ça, bon là, on élit, on vote un représentant de gauche. Tous les partis politiques proposent leurs candidats favoris. Il y a des entrevues et ça se passe sur plusieurs jours. C'est comme ça qu'on est venus, cette ministre. [00:05:30] Speaker A: On est loin du Québec, là. On le voit, là. Et là, comme le temps file... Écoute, parle-moi de la représentativité directe ou de la démocratie directe. Parce que ce que vous avez en Suisse, dans le fond, vous pouvez voter par courriel. On peut voter par l'Internet. [00:05:44] Speaker B: Exactement, donc d'ailleurs j'ai une votation reçue hier par courrier à la maison, donc on vote 4 fois par année sur tous les sujets, donc ça peut être des sujets ville, canton, fédéral, sur tout, il y a toujours 3 types de vote, il y a les votes qu'on dit obligatoires, c'est tout simple, c'est en fait les votes un peu constitutionnels, je te donne 2-3 exemples, le droit de vote des femmes de l'époque, l'adhésion à l'ONU, ça c'est obligatoire, après ça il y a le référendum facultatif, ça j'explique, c'est-à-dire quand le Parlement vote une nouvelle loi, la loi sur la revision de l'impôt, genre des choses comme ça, ou la loi sur l'énergie, il y a un vote qui se fait comme au Québec, où on vote 150 contre 50. Donc là, t'as envie de dire, bon, ça a été voté pour, mais ensuite, c'est pas toujours vrai, parce que même si le Parlement a voté pour... Ouais. [00:06:27] Speaker A: Il peut être renversé par le peuple. [00:06:29] Speaker B: Exactement. Donc un parti politique peut récolter des signatures, et après, il peut mettre en attente le projet de loi, et ce projet de loi-là doit être voté par le peuple. [00:06:39] Speaker A: Validé par le peuple. [00:06:41] Speaker B: C'est ça. Et il y a aussi un autre volet, c'est l'initiative populaire. Et cette initiative populaire, ça, c'est pas nécessairement... Ça, en fait, ça peut être soit un parti politique, mais ça peut être monsieur ou madame, tout le monde, des associations qui présentent eux-mêmes, en fait, une initiative. Donc ils doivent avoir un minimum de signatures à un nombre limité de jours. Et ça peut être sur n'importe quel sujet. Et je donne deux, trois exemples. On a voté, par exemple, pour des trucs, des fois, qui peuvent être un petit peu ridicules. On a voté pour... Oui ou non, le droit de la coupe des cornes sur les lâches, ça va jusque-là. On a voté pour la sixième semaine de vacances qui a été refusée par les Suisses, je tiens à le dire. On a voté par le revenu de base pour tout ce qui a été refusé. On a voté aussi pour l'introduction de la bureaucratie. Et ça va sur vraiment tous les sujets. [00:07:24] Speaker A: Finalement, le peuple se prononce sur tous les enjeux et ça dédouane les politiciens qui essayent de faire du spectacle et gagner des votes en essayant de retarder, en essayant de craquer un contre l'autre. Finalement, le peuple a toujours raison. [00:07:38] Speaker B: Exactement. Et on vote aussi, j'ai oublié de le dire, c'est intéressant pour Québec. On peut voter, par exemple, sur un projet de tramway avec un crédit qui va avec. Et là, ce qui est intéressant, c'est qu'on doit expliquer, en fait, le vote. C'est-à-dire que les gens doivent expliquer où ils prennent l'argent, comment ils vont faire pour les financer, pour convaincre les gens, en fait, de voter. Parce que si le vote est un peu bateau, les gens vont dire « c'est un truc un peu sur les nuages, ça ne va pas passer ». Donc c'est important, en fait, que les politiciens doivent bien défendre leur sujet et puis ils doivent bien le maîtriser. [00:08:08] Speaker A: Mais qu'est-ce que tu remarques aussi de l'adhésion des Suisses à la politique? Parce que ça, ça favorise le dialogue. Ça favorise que les gens se sentent impliqués dans les décisions politiques. Alors que nous ici, ce qu'on voit, de moins en moins de gens se présentent dans les bureaux de votation. Les gens se désintéressent. À un moment donné, il y a un cynisme qui s'installe. [00:08:27] Speaker B: C'est clair que ce système-là, il y a aussi des désavantages et des avantages. Ça, il faut quand même le dire, il n'est pas parfait. Donc c'est clair que des fois, je dirais, on vote des trucs vraiment hautement stratégiques. Je donne l'exemple, t'as les ministres qui négocient pendant huit ans avec l'Union Européenne et en l'espace d'un vote, on prend la négociation de huit ans et on la fout à la poubelle. Ça, c'est déjà vu. Donc souvent, c'est un peu sensible au niveau des relations internationales. Il y a aussi des fois des votes un peu compliqués à comprendre. Je parle surtout des votes un peu fiscaux où on vote des choses des fois qui sont, à mon avis, pas évident à comprendre pour tous, même pour moi qui est quand même, je pense, quelqu'un qui Je comprends beaucoup de choses. Des fois, je dis « Ouais, c'est pas simple à comprendre ». Puis, comme tu l'as dit, et là je viens, c'est qu'on vote beaucoup. Donc, c'est vrai que sur certains votes, des fois, il y a un peu moins de participation. [00:09:13] Speaker A: Il y a-tu un quorum minimum, un pourcentage de vote minimum pour que ça soit... Non. [00:09:20] Speaker B: Non, il n'y a aucun quorum. [00:09:22] Speaker A: OK, bon. [00:09:23] Speaker B: Non, il n'y a aucun quorum. Et puis, aussi, un des désavantages, c'est un processus qui est excessivement long. Donc on peut pas changer le truc du jour au lendemain avec un vote au Parlement et puis hop, on part un chien souvent. Il est là, mais par contre, et ça c'est peut-être aussi un avantage, c'est qu'il ne recule jamais. [00:09:39] Speaker A: Le peuple décide. Est-ce que tu penses qu'on pourrait implanter ça au Québec à un moment donné? Je sais que le DGE, le directeur général des élections, l'a regardé, mais il y a toujours des embûches, on veut pas aller là. Il faudrait aller là au Québec selon toi? [00:09:55] Speaker B: À mon avis, beaucoup de pays devraient aller là parce que finalement, Déjà, un système comme ça, les gens respectent déjà ce qu'ils votent, t'as déjà le respect des gens, t'as déjà aussi une population, comme tu l'as dit, qui participe activement à la vie politique, donc qui est quand même beaucoup plus informée quand il ne participe pas du tout, ça c'est clair. Et puis là, clairement, à mon avis, on est vraiment dans une démocratie vraiment au sens du terme, c'est que le peuple décide sur tout, et le politicien, en fait, il est là pour lui faire des projets, mais à la fin, la décision finale, et c'est toujours le peuple. Et puis à mon avis, quand on parle de démocratie, de mon point de vue, c'est seule la Suisse qui est classique au niveau mondial. Et puis à mon avis, c'est un exemple qui pourrait être répété à beaucoup d'endroits, donc je comprends pas... Voilà, il y a peut-être d'autres intérêts politiques derrière ou des jeux de pouvoir, mais disons que c'est vrai que la Suisse, on voit que ça fonctionne, je veux dire, quelque part, parce qu'on voit qu'on habite et qu'il marche bien, quoi. [00:10:46] Speaker A: Ben, Frédéric Rondeau, merci beaucoup de tes lumières, parce qu'on a juste ce temps-là pour toi, mais Saguenayais d'origine, Suisse depuis 15 ans, là, t'es ingénieur là-bas, est-ce que tu vas revenir vivre au Québec un jour ou c'est terminé pour toi? [00:10:59] Speaker B: Je sais pas encore, c'est une décision, j'ai la vie, la famille, j'ai bien le temps d'être en Suisse. Là, je vais faire mes vacances en deux semaines, justement, au Sipo-Saguenay, voir mes parents, mais... Donc, je vais en vacances pour le moment, mais il ne faut jamais le dire. Jamais! [00:11:14] Speaker A: Non, c'est ça. Frédéric Rondeau, merci beaucoup et à la prochaine. Bye-bye! Merci, bye bye. Même si on vote 4 fois par année sur des enjeux, des fois, des affaires comme qu'il dit, mais ça fait rien. C'est des décisions qui doivent être prises par les gens. Regarde, le tramway, ici à Québec, on a un projet de tramway de quoi, 10, 15 milliards, on sait même pas là-dessus. [00:11:51] Speaker C: Personne se prononce, on y va avec des sondages. [00:11:54] Speaker A: Ben c'est des politiciens pis là on le sait pas les intérêts derrière tout ça. T'sais, y'a des gros lobbies derrière ces projets-là d'infrastructures pis on laisse le peuple alors que dans les sondages les gens veulent pas de ce tramway-là, mais on va leur enfoncer ça dans l'endroit. [00:12:08] Speaker C: Ben on va faire pareil. Tandis que là-bas ils votent sur tout, tout, tout, tout. Mais 7 ministres pour 7 millions d'habitants, ça marche? [00:12:15] Speaker A: Ouais, je pense qu'il y a 200 députés dans la Chambre Basse là, qui est le Parlement, mais quand même t'as 7 députés, 7 ministres. That's it. Tu sais, t'as quoi, t'as la limousine Legault qui nous avait dit qu'il ferait le ménage. [00:12:26] Speaker C: Ils sont 30. [00:12:27] Speaker A: Minimum. Le même nombre. Il a gardé le même nombre de ministres, Legault. [00:12:31] Speaker C: Le salaire. [00:12:32] Speaker A: Il y a tout ça, toute la patente. [00:12:33] Speaker C: La limousine. Tous les autres avantages qu'on connaît plus ou moins. [00:12:37] Speaker A: Et des coalitions. L'affaire, c'est que quand t'as un budget déficitaire, t'en as pas. Parce que les coalitions font en sorte qu'on doit jouer les forces. Mais on doit arriver aussi avec un budget, sinon, on est battu. [00:12:48] Speaker C: Exact. [00:12:48] Speaker A: Voilà. Donc je voulais vous... [00:12:51] Speaker B: Très intéressant. [00:12:51] Speaker A: Ouvrir la discussion. Après la pause, qui débarque dans le show? [00:12:55] Speaker C: Qui? [00:12:55] Speaker A: François Charon.

Other Episodes